Controverse Karmapa

La controverse des Karmapas est liée à l'existence de deux candidats à la succession du 16 e karmapa, chef de l'école Karma Kagyu du bouddhisme tibétain.



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Monastère de Rumtek au Sikkim, siège du karmapa en exil, dont le contrôle fait l'objet d'un conflit

La controverse des Karmapas est liée à l'existence de deux candidats à la succession du 16e karmapa, chef de l'école Karma Kagyu du bouddhisme tibétain. En juin 1992, Urgyen/ Orgyen Trinley Dorje est proposé au Tibet[1] par le 12e Taï Sitou Rinpoché, se basant sur une lettre non-authentifiée, et sera appuyé le 7 juin 1992 par le 14e dalaï-lama et le 27 juin 1992 par le gouvernement chinois. En décembre 1999, il s'échappe vers Dharamsala où il arrive le 5 janvier 2000. Trinley Thaye Dorje est identifié par le 14e Shamar Rinpoché qui annonce officiellement sa découverte, après avoir utilisés les procédés respectant les traditions, le 27 janvier 1994[2]. Trinley Thaye Dorje quitte en toute légalité le Tibet pour l'Inde en janvier 1994. En 2007, le conflit n'est pas encore résolu ; cependant, Orgyen Trinley Dorje a rencontré Shamar Rinpoché le 9 janvier 2007[3].

Contexte

Les karmapas, chefs de l'école Karma Kagyu, l'un des grands courants du bouddhisme tibétain, forment la première lignée déclarée de tulkus, réincarnations de Düsum Khyenpa (XIIe siècle). Les critères de reconnaissance d'un successeur (indications orales ou rédigées laissées par le précédent karmapa, rêves et intuitions de lamas consacrés et comportement de l'enfant réincarné) peuvent mener à la sélection de plusieurs candidats induisant alors une controverse. Les tulkus détenant habituellement un certain pouvoir, des rivalités peuvent exister lorsqu'il y a plusieurs candidats. Ainsi, dans la lignée kagyupa, la reconnaissance des 8e, 10e et 12e karmapas donna lieu à des conflits, cependant tous vite résolus.

Le rôle du dalaï-lama et les Tulkus

Tiré des premières lignes de la page Gelug de Wikipedia : «La tradition Gelug, Geluk, Guéloukpa ou Guélougpa, (Dge-lugs ; དགེ་ལུགས་པ་), toujours nommée l'école des Bonnets jaunes, est la plus récente des quatre grandes écoles du bouddhisme tibétain. Le dalaï-lama, qui en est issu, dirige la politique et le gouvernement du Tibet depuis le XVIIe siècle (puis le gouvernement en exil depuis 1959)  ; l'autorité spirituelle sur l'école est officiellement détenue par un Ganden Tripa (Dga'-ldan Khri-pa, «détenteur du trône de Ganden», premier monastère gelug) désigné pour sept ans par le dalaï-lama.»

Souvent incompris, le rôle du 14e dalaï-lama est sujet à confusion au regard de sa présentation dans les médias respectant les traditions. Fréquemment présenté comme le «chef spirituel et temporel du bouddhisme et du Tibet», cette fameuse expression est en fait tout-à-fait approximative, comme la citation ci-dessus le suggère. Ainsi son rôle n'est pas le même que celui du pape pour l'Église catholique. Le 14e dalaï-lama est à la fois moine bouddhiste et chef de l'État tibétain en exil. À ce titre, il exerce les fonctions habituelles attendues d'un tel rôle politique. Cependant, le bouddhisme n'a historiquement jamais eu de chef, pas même le Bouddha historique.

Les différentes écoles tibétaines ne se regroupent pas et ne se sont jamais regroupées en une seule, ceci dans l'objectif évident de préserver toute la richesse de leurs enseignements. Les lamas et différents étudiants bouddhistes, quant à eux, ont toute liberté de choix et sont habituellement poussés à avoir une position personnelle responsable et réfléchie vis-à-vis de telle école ou tel maître spirituel. Ainsi il n'est pas rare que énormément d'entre eux appartiennent à plusieurs écoles simultanément.

Pour ce qui est de la reconnaissance des lamas réincarnés, on peut distinguer deux groupes : les Tulkus «auto-reconnus» et les Tulkus «reconnus». Le karmapa est un précurseur du premier groupe au XIIe siècle, dans la mesure où il fut le premier. En cela, cela fait de lui un Tulku spécifique. Par la suite, d'autres Tulkus des deux groupes sont apparus. Les maîtres de chaque lignée ayant toujours le dernier mot quant à la reconnaissance définitive, si celle-ci n'est pas incontestable à la vue du comportement et des différents signes montrés par l'enfant tels que la reconnaissance d'objets, de personnes, de parents, de lieux, de vies passées, d'enseignements philosophiques spontanés, de capacités telles que celle de savoir écrire avant d'avoir appris ou parler différentes langues, etc.

Il n'est cependant pas rare que des lamas de différentes lignées aient des visions, rêves ou documents confidentiels à caractère prophétique et que ceux-ci se rapprochent du groupe de recherche du Tulku allant se réincarner pour contribuer à la reconnaissance. Mais la reconnaissance officielle est toujours issue de la totalité des lamas de la lignée spécifique dont le Tulku est issu. Par la suite les autres lignées, incluant les Gelugpa, lignée a laquelle se rattache les incarnations des dalaï-lama, reconnaissent le nom du Tulku.

Origines du désaccord

Le désaccord actuel s'enracine dans les luttes de préséance entre deux régents en charge des destinées de l'école Karma Kagyu et de la recherche du nouveau karmapa après la mort en 1981 de Rangjung Rigpe Dorje, le 16e Karmapa. Ce conflit serait compliqué par des enjeux financiers et politiques selon certains.

Rivalité entre lignées

Shamar Rinpoché , est à la fois le second et le double du Karmapa, reconnu à son instar comme une manifestation du 1er karmapa. Au milieu du XVIIIe siècle, le dalaï-lama et le gouvernement chinois interdisent officiellement la reconnaissance des incarnations futures de Shamar Rinpoché, puis rétablie en 1964 par le 16e karmapa avec l'accord du 14e dalaï-lama. Ainsi Taï Sitou Rinpoché, ayant historiquement la troisième place dans la hiérarchie Kagyu, retrouve celle-ci. Représentant du monastère de Palpung (dpal spung) localisé à Dergué (sde dge) dans la région du Kham (Tibet oriental), les Taï Sitou Rinpoché auraient bénéficié de l'abolition politique du titre de Shamar Rinpoché pour s'élever dans la hiérarchie Karma Kagyu.

Le Karmapa Charitable Trust

En 1961, le 16e karmapa, installé au monastère de Rumtek au Sikkim, y a créé un fonds humanitaire, le Karmapa Charitable Trust. Administré dans un premier temps comme un bien monastique (labrang) respectant les traditions par un intendant indépendant, il a été transformé après la mort du fondateur en un organisme conforme à la législation indienne sur les œuvres humanitaires. Ce fonds, dont l'exécuteur principal était un cousin de Shamar Rinpoché, formait un enjeu financier important. En 1992, le parti de Taï Sitou Rinpoché investit le monastère avec l'approbation des autorités du Sikkim et fit remplacer le conseil d'administration. Néanmoins, à cause de l'initiative personnelle non concertée de Taï Sitou Rinpoché, ce changement ne fut pas entériné par les autorités. En 1993, après une année de confusion durant laquelle chaque parti avait dans le monastère sa propre administration, Rumtek fut attaqué par les partisans de Taï Sitou Rinpoché, et les moines dévoués à Shamar Rinpoché en furent chassés violemment. Ni Orgyen Trinley Dorje, ni Trinley Thaye Dorje ne vinrent s'y installer. Cependant, le 17 mai 2006 Trinley Thaye Dorje a été officiellement appointé successeur légal du seizième karmapa par le conseil d'administration du Karmapa Charitable Trust. Autorisé à prendre possession de Rumtek, il demeure aujourd'hui à Kalimpong (Inde).

Aspects politiques

Certains voient dans le conflit l'action d'agents chinois ayant infiltré les deux partis pour affaiblir l'école Karma Kagyu. D'autres pensent que le 17e Karmapa pourrait à l'avenir remplacer le 14e dalaï-lama s'il prenait sa retraite comme chef du gouvernement tibétain en exil[4]. Orgyen Trinley Dorje fut le premier tulku reconnu à la fois par le 14e dalaï-lama et par la République populaire de Chine depuis 1959. Tandis qu'il avait 10 ans, en 1994, il a rencontré Jiang Zemin [5]. Selon la presse officielle chinoise, après avoir rencontré en janvier 1999 Li Ruihuan, il aurait déclaré vouloir «œuvrer à l'unification du territoire ainsi qu'à l'unité nationale». Li Ruihuan avait alors déclaré que les «progrès» du Karmapa «auraient une grande influence sur le développement et la stabilité du Tibet» [6].

Deux candidats pour une seule incarnation : le karmapa

Les indices principaux concernant la réincarnation du karmapa figuraient dans une lettre de prédiction laissée par le 16e karmapa, et une prédiction du 2e karmapa. Ils sont reconnus par les deux partis comme correspondant aux caractéristiques de leur candidat.


Quelques points d'opposition

Les partisans d'Orgyen Trinley Dorje considèrent que le poème qui a permis de l'identifier a vraiment été remis par le 16e Karmapa au 12e Taï Sitou Rinpoché. Ce dernier a recueilli le cœur du Karmapa après l'incinération, indication que c'était un disciple particulièrement proche. L'approbation du dalaï-lama est un argument important, mais ceci c'est passé seulement par téléphone en lui certifiant que l'ensemble des régents étaient entièrement d'accord. Suite à cela, le 14e Shamar Rinpoché a dû signer la lettre de reconnaissance de Orgyen Trinley Dorje malgré lui et ensuite s'est rétracté. Il s'agit ici encore d'un des nœuds de la controverse, les partisans du Shamarpa soutenant avec raison que jamais par le passé la reconnaissance d'un Karmapa n'a été soumise à l'approbation du dalaï-lama ou de n'importe quel hiérarque d'une autre lignée que celles des Kagyu; cela semble à leurs yeux révélateurs de ce que la procédure de reconnaissance menée par Taï sitou rinpoché n'est nullement en accord avec la tradition Kagyu. Les partisans de Trinley Thaye Dorje soutiennent d'ailleurs que c'est par fraude que Taï Sitou Rinpoché s'est emparé du cœur du 16e Karmapa et que le poème, faute d'identification, semble être un faux, et même un faux assez grossier : leur demande d'authentification a jusqu'ici toujours été ignorée par les partisans du Taï Sitoupa. Shamar Rinpoché déclare avoir signé la reconnaissance seulement par respect pour le dalaï-lama qui l'avait déjà acceptée. Certains moines proches du 16e Karmapa affirment qu'il aurait déclaré peu avant sa mort qu'il reviendrait dans deux ans, soit en 1983, année de naissance de Trinley Thaye Dorje.

Le parti d'Orgyen Trinley Dorje est mieux implanté au Tibet, où on voit en lui une promesse d'unité pour le bouddhisme tibétain et le Tibet, du fait de ses rapports politiques privilégiés avec le dalaï-lama. Orgyen Trinley Dorje est marqué d'un certain charisme et d'une certaine similitude physique avec le précédent Karmapa. Trinley Thaye Dorje semble en comparaison plus discret, marques d'un érudit aux qualités d'humilité et de sagesse propres aux lamas réincarnés de haut rang. Hors du Tibet et de Chine, l'activité de Trinley Thaye Dorje est majoritaire en Autriche, Allemagne, France, au Danemark et au Mexique.

Voir aussi

Vidéo

Bibliographie

Liens externes

Références

  1. Découverte de Orgyen Trinley Dorje
  2. Reconnaissance de Trinley Thaye Dorje, Controverse selon le point de vue du parti de Trinley Thaye Dorje (anglais), La controverse des Karmapas selon le parti de Trinley Thaye Dorje (anglais)
  3. Le 9 janvier 2007, rencontre entre Orgyen Trinley Dorje et Shamar Rinpoché (anglais)
  4. A change at the top
  5. Jiang Zemin meets incarnate Karmapa lama in Tianamnen Square
  6. Who is the Karmapa Lama?
  7. Seeking urgent help for Gyuto Tantric University Hospital

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