Soi

Le Soi, dans l'acception spirituelle du terme, sert à désigner l'identité première et ultime de l'être. Le terme est spécifiquement utilisé dans les courants issus du Vedanta.



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Définitions :

  • Il ya deux soi dans les hommes : le supérieur et l'inférieur, l'impersonnel et le personnel. L'un est divin, l'autre semi-animal. Il ya lieu de faire une grande distinction entre les deux. (source : theosophie)

Le Soi (quelquefois nommé «vrai soi» ou «soi supérieur» par distinction avec le soi qui porte un petit s, l'ego), dans l'acception spirituelle du terme, sert à désigner l'identité première et ultime de l'être. Le terme est spécifiquement utilisé dans les courants issus du Vedanta.

Le Soi forme une réponse offerte par certaines traditions spirituelles à la question «Qui suis-je ?». Le Soi n'est pas celui qui dit «moi» ou «je». Le Soi serait la nature principale de l'être humain, au-delà de l'ego. Il serait aussi le pont entre l'homme et Dieu, «plus personnel que Dieu mais plus universel que l'homme»[1].

Cette distinction entre petit soi et grand Soi, entre nature profonde et ego est un objectif essentiel de la quête spirituelle respectant les traditions selon laquelle nous ne serions pas limité à l'ego. Mais le concept, fréquemment utilisé aujourd'hui, et absorbé par les courants du New Age[2], a porté d'autres noms et se rapproche d'autres concepts.

Synonymes et concepts assimilés

L'Âme est un synonyme de Soi :

«À strictement parler, l'intemporel, transcendant toute forme est , selon Socrate, la suprême réalité de notre moi. C'est à cela plutôt qu'à toute manifestation dérivée de l'affectivité ou de l'activité mentale qu'appartiendrait vraiment le nom d'âme.»[3]

La Conscience est un autre synonyme de Soi :

«Paix, amour, béatitude, connaissance, anéantissement du moi au sein de la toute-puissante vérité, ces multiples affirmations issues du niveau psychique expriment uniquement la réponse des fonctions affectives et intellectuelles qu'irradie la clarté axiale. Quant à la conscience établie en son foyer, elle ne prend appui ni sur l'amour, ni sur la paix des sens ou de l'intellect. Son règne est au-delà du silence même, perdu à notre regard dans une intangible plénitude.»[4]

L'Être est un autre synonyme de Soi :

«À vrai dire, il ne peut y avoir une connaissance authentique que de l'immuable, mais ici sujet et objet cessent de s'opposer et se résorbent dans l'indivisible unité de l'Être[5].

Expression fréquente dans les Yoga Sutras, elle sert à désigner le principe conscient au-delà de l'activité du mental.

«Chaque fois que vous êtes l'observateur de votre mental, vous dégagez votre conscience des formes du mental et celle-ci devient alors ce qu'on nomme l'observateur ou encore Te témoin. Donc, le témoin - conscience pure au-delà de toute forme - se renforce et les élaborations du mental faiblissent.»[6].

«Connais-toi toi-même !» Socrate.

À l'instar du «Connais-toi toi-même !» de Socrate, la Connaissance de soi est une connaissance d'un type spécifique étant donné que le sujet connaissant et l'objet à connaître s'y confondent. Ainsi, l'expérimentateur établit son champ de recherches dans les profondeurs de sa propre psyché où il va entreprendre un travail de discernement (le terme "discrimination" est quelquefois employé abusivement) entre ce qu'il "est" réellement et ce qu'il croit être.

«Manœuvrant avec souplesse les commandes de ses propres fonctions psychiques, l'expérimentateur sera simultanément :
  • Un observateur et témoin impartial,
  • Un instrument de recherche,
  • Le terrain d'observation.»[7].

Une telle démarche demanderait d'abandonner les préjugés de toutes sortes, les modes de penser familiers, en premier lieuer chaque instant d'une manière neuve, pour qu'alors puisse œuvrer une conscience originelle «inconditionnée», vierge de tout dogme ou d'idée préconçue. Au terme de cette quête, l'instrument de la recherche et le terrain d'observation se résorberaient alors en totalité dans le Témoin, cette réalité transcendantale, au-delà des catégories de l'espace, du temps et de la Causalité.

Quelques méthodes sont proposées à cet effet.

Les méthodes de la connaissance de Soi

Les approches spirituelles proposent le plus souvent des exercices de purification, de prières, de méditation.

«Il n'existe point de psychotechniques véritables conduisant à la libération - Moksa. La psyché peut être soumise à des psychotechniques ; mais celles-ci ne forment qu'un prélude, une phase préparatoire qui la rend plus réceptive et perméable à la vérité.»[8].

Les psychotechniques en question ne seraient pas aptes à conduire au Soi mais s'avèreraient fréquemment inévitables à cause de la confusion et du conditionnement qui règnent dans l'esprit humain et apportent leur lot de souffrance/plaisir, désir/répulsion, violence/calme relatif. Ces méthodes seraient par conséquent "préparatoires", elles permettraient un désencombrement.

La révélation du Soi est quelquefois comparée à l'effet d'un interrupteur électrique : la pièce qui était dans la pénombre est soudainement et sans transition baignée de lumière.

«L'expérience libératrice se situant par-delà l'ultime frontière de la psyché ; elle ne peut en conséquence comporter ni degrés ou transitions, ni approximations. Elle est ou n'est pas.»[9].

L'introspection est une approche qui consiste à explorer le "mystère personnel" et la mécanique mentale a posteriori. Cette étude amène le mental à s'auto-analyser rétroactivement ; cette activité du mental n'est par conséquent pas perçue par un principe supérieur, indépendant et immédiat. Ainsi quand Saint Augustin propose : «Au lieu d'aller dehors, rentre en toi-même : c'est au cœur de l'homme qu'habite la vérité l'introspection forme un tout premier préambule pour permettre à la psyché de se connaître elle-même, tout en restant bien averti du risque de partialité qu'entraine la position de juge et partie assignée au mental.

La Connaissance de soi peut se fonder sur ce qui est quelquefois nommé "le rappel de soi"[10] tel que l'enseignait Gurdjieff, par exemple. Gurdjieff affirme que l'homme est endormi et vit dans un univers illusoire de songes, se croyant libre et pensant, qu'il représente le sommet de la création, tandis qu'en réalité, tel qu'il est , il n'est qu'un esclave prisonnier et inconscient. Mais l'homme aurait potentiellement la possibilité de cesser d'être une machine, de se réveiller, de recouvrer un état d'esprit sain et de s'évader de la prison et de son esclavage. En premier lieu, il lui faudrait réaliser au-delà de tout doute, qu'il n'est pas libre. Et il lui faudrait posséder le désir impérieux de s'échapper et de recouvrer sa liberté à n'importe quel prix. [11]. Il s'agirait alors de se donner des rendez-vous selon des actes, des lieux ou des heures précises pour s'efforcer d'être conscient de ses actes. Ces rendez-vous, réussis comme manqués, permettraient quantité de découvertes sur la manière d'agir ou de réagir. Des pans importants de la personnalité pourraient être explorés, mais il subsisterait les problèmes de la réitération menée par la volonté et de la perpétuation d'un manque de spontanéité.

Jiddu Krishnamurti
dans les années 1920.

Krishnamurti évoquait la fragmentation de l'être humain[12]. Ces "fragments" sont des rôles que l'ego emprunte le temps d'une affirmation de son autorité. Pour se connaître, Krisnamurti invitait à observer la succession, quelquefois incohérente, des différents «fragments», mettant ainsi l'accent sur la notion d'observation [13]. Un premier niveau élémentaire de l'observation porte sur l'objet perçu (trait de caractère, routines, situation), puis ultimement sur le principe même de l'observation dans l'instant présent à savoir : la pleine conscience (niveau, altération).

La connaissance de soi permettrait de prendre conscience des habits dont l'ego aime se parer, de la dualité de positions inconciliables, des habitudes, des objets concrets du monde matériel mais également des objets subtils tels que les pensées, les émotions et les perceptions[14].

Finalement la connaissance de soi serait une préparation à la révélation du Soi, car elle aurait le pouvoir de révéler tout ce qui est connaissable, elle changerait principalement d'une hypothétique connaissance du Soi, car le Soi n'est pas connaissable, il se vit. Ainsi se trace la frontière classique dans la tradition grecque entre noumène et phénomène et par ressemblance dans la tradition indienne : entre purusha et prakriti, sujet connaissant et objet de connaissance, Conscience et objet qui se manifeste à la Conscience.

Il existe des états modifiés de conscience qui ont l'apparence de la quiétude fascinante du Soi mais ne seraient fréquemment qu'une savoureuse évasion.

«Intérieurement, il se retranche dans une jouissance spirituelle qui ressemble fort à une narcose profonde ; il s'y complaît et recherche ardemment à nouveau de telles «expériences».»[15].

Quand la pensée rationnelle et sa force de projection deviennent les seuls moyens d'approche alors les textes anciens qui décrivent le Soi deviennent d'un ésotérisme impénétrable et rébarbatif, car le Soi ne pourrait pas être pensé. L'intelligence perceptible à l'état pur avant la formulation quand elle n'est pas confondue avec sa traduction sous forme de pensée, correspond à cet aphorisme :

«Le Soi est seulement conscience et d'une pureté totale et indélébile, quoiqu'il perçoive à travers les contenus du mental.»[16].

Cette confusion n'est pas sans conséquence :

«- Les problèmes du mental ne peuvent pas se résoudre sur le plan du mental.»
«- Le mental n'est pas dysfonctionnel en lui-même, c'est un outil merveilleux. Le dysfonctionnement s'installe lorsque vous y cherchez votre moi et que vous le prenez pour vous. Il devient alors l'ego et prend complètement le contrôle de votre vie.»[17].

«Les termes antithétiques sont résolument posés. L'observateur de leur jeu n'est jamais pris au piège d'une pensée dualistique. La voie est ouverte devant l'élan qui portera le dialecticien de ruptures en ruptures de niveaux jusqu'à cette évidence transcendante et «anhypothétique» qui se suffit à elle-même et où toute parole s'éteint.»''[18].

Dans ses débuts, la quête du Soi pourrait s'accommoder de compromis ou de négociations, mais quand elle deviendrait l'axe principal de l'accomplissement d'une vie, elle se transformerait en une ascèse prête à rompre avec l'ensemble des attachements : pouvoir, puissance, argent, renommée, séduction, sensualité, tout ce qui entretient la survie de l'orgueil et perpétue l'agitation du mental devrait se dissoudre dans l'éclairage de la discrimination.

«Tant que persiste le sens du moi individuel - fût-il camouflé ou refoulé sur un niveau de latence - l'asservissement demeure ; la conscience, captive de ses propres illusions et de ses créations mentales, est soumise aux lois ordinaires de l'ego.»[19].

Ainsi les Yoga sutras donnent une définition laconique de l'ego :

«L'égo, c'est confondre l'énergie du témoin avec celle de son instrument le mental.»[20].

Mais cette confusion n'est pas sans conséquence :

«La confusion est la source des autres souffrances, qui peut être latente, faible, intermittente ou particulièrement élevée.»[21].

Les Yoga Sutras proposent la discrimination et la méditation comme moyen de révélation du Soi et de libération de la souffrance. [22].

L'égo révolu, l'être libéré ne devient pas un superman, sa voie restant toujours une voie d'humilité :

«Apparemment, le jivan mukta ne se singularise en rien ; il parle, agit et se comporte avec ses contemporains d'une façon idéalement naturelle. Il se refuse à transparaître en spectaculaire exhibition. Sa sagesse est intérieure. Elle donne ses fruits à ceux qui approchent le Sage à cœur ouvert (telle l'aspiration désintéressée et totale à la connaissance, à l'amour sans phrase de la vérité pour la Vérité. ).»[23].

Cette approche spirituelle serait l'objet de convoitises et pourrait générer des abus. Pendant un temps, l'ami spirituel[24] est celui qui permet au chercheur de s'appuyer sur son expérience pour éluder les leurres et divagations envisageables. Son crédit serait fondé dans une pratique authentique et une humilité se caractérisant par l'absence de recherche de richesse, d'emprise en vue de manipulation, et toute autre forme de malhonnêteté qui appartiennent aux multiples "commerces de l'âme". Ainsi les amis spirituels authentiques seraient rares et discrets car fuyant le tapage de toute publicité.

Certains fervents aspirants, tel Ramana Maharshi seraient parvenus seuls, par leurs propres moyens à cette révélation du Soi mais ils sont reconnus comme rares. Cette ascèse demandant de remettre en cause des certitudes si puissamment ancrées, qu'un guide compétent serait indispensable. De cette relation d'une qualité exceptionnelle, pourrait naître une petite lumière sur le chemin [25].

«Il ne s'inspire néenmoins d'aucune doctrine, ni théorie, d'aucun dispositif préconçu. Avec la sûre intuition de l'artiste accompli il sait comment «percuter» l'interlocuteur pour que se révèle en lui l'évidence intime, par l'anamnèse. Chacun est abordé à travers les modes d'approches qui lui sont appropriés.»[26]

Mais par quelle démarche l'homme peut-il s'extraire du cercle du devenir ainsi qu'à son incessante mobilité intellectuelle pour atteindre la paix du "Soi" ou le "Nouç grec" sans l'aide de quiconque ?

«Être plus fort que soi-même, c'est aussi être plus faible ; rien n'est plus vrai que cette découverte, car le triomphe du fort sur le faible n'est jamais final, et le vaincu sait prendre à l'occasion de terribles revanches sur son vainqueur. L'exercice d'une technique de contrôle sur les fonctions psychosomatiques exige avant tout pour être fructueuse le dévoilement de la vérité. Par conséquent l'ascèse s'accomplit sous le regard de cet instructeur invisible et impersonnel qu'est la Sagesse en nous ; elle en réfère - au delà des dynamismes de la psyché - à une instance que nulle contradiction dualistique n'affecte. Il s'emprisonne dans un rêve et se condamne à un sommeil sans fin celui qui s'en remet à un autre guide que Cela (Nouç) pour la conduite de sa vie dans la recherche du vrai. (Cf. République, Livre V, 475 et suivants et Livre VI, 508 d, e)»[27]

Les étapes de la manifestation du Soi

À cause de son caractère subjectif et incommunicable, le Soi ne pourrait apporter la preuve absolue de sa validité qu'à celui qui l'a expérimentée en lui-même.

«Elle présente plusieurs caractéristiques remarquables :

  1. Sa venue est soudaine, fulgurante et quelquefois inattendue,
  2. Elle opère, à cet instant, une vision du monde particulièrement claire et sereine, car désentravée des interprétations généralement délivrées par les capacités cognitives usuelles,
  3. Elle est dépourvue entièrement de contenu intellectuel et d'images ; le pouvoir d'intuition conféré par elle s'appliquerait au problème ontologique et philosophique,
  4. L'établissement définitif du Soi se définit par sa permanence et son irréversibilité dans un plan de transcendance, où les notions de temps et d'espace n'ont plus cours.»[28].

Jean Klein, Ramana Maharishi, Jiddu Krishnamurti, Nisargadatta Maharaj, Adi Shankarâchârya, Swami Prajnanpad expriment que dans le champ de la pure conscience, les notions de temps, d'espace, d'énergie, de causalité n'auraient plus cours. Pour les mystiques, les scientifiques et les philosophes, cette notion est déroutante car le pan courant de la réflexion intellectuelle nécessite du temps et de l'énergie, cette atemporalité remet en cause toute approche par le chemin de la pensée, sans néenmoins l'exclure particulièrement.

«La conscience se manifeste obligatoirement à l'homme sous l'apparence d'une fonction conditionnée : la pensée. Or, la pensée, comme toute forme d'énergie, correspond à un niveau déjà dégradé du principe d'origine.»[29].

Le Soi, dont la nature n'est pas phénoménale, n'use pas d'énergies spatio-temporelles. Ainsi, même si le chercheur s'attend à percevoir des manifestations du Soi, ou croit pouvoir tenir la preuve d'une réalisation du Soi, il serait dérouté, car :

«L'observateur localisé dans la relativité des niveaux psychiques croit en percevoir fonctionnellement les effets comme tels.»[30].

Ne se situant pas sur plan matériel, rien ne peut "l'objectiver" :

«L'expérience du jivan mukta, par contre, transcende l'ensemble des provinces de la psyché. Elle est établie par-delà les frontières du psychisme, résorbant en elle-même les catégories de l'espace, du temps et de la causalité[31].

Quelle représentation de l'espace opérationnel du Soi serait alors envisageable, dans la mesure où il est hors du temps et de l'espace ? Pour les philosophes et les mathématiciens de notre époque, les notions de temps et d'espace peuvent être reconnues comme des catégories mentales tout comme l'ensemble des expériences sensorielles et motrices inhérentes à la structure biologique humaine :

  • Les modalités perceptives, se traduisent par un certain mode de contact et d'enregistrement, qui nécessitent temps et espace.
  • L'estimation de l'espace et celle de la durée fluctuent sans cesse, se dilatent ou se contractent au cours du rêve, le sommeil profond, l'émotion forte, l'ennui, l'attente, mais également selon les exigences de nos spéculations intellectuelles.
«Peut-on s'étonner, alors, si les barrières du temps et de l'espace disparaissent aussitôt qu'est suspendue ou dépassée l'activité de l'ego ? L'entrée en jeu de l'ego avec ses processus perturbateurs : imagination, rationalisation, passion, altère le cours de l'expérience. Cela peut déconcerter. Mais n'en est-il pas de même du mathématicien de notre époque ? Pour lui, le monde physique perd l'ensemble des attributs et qualités selon lesquels il se manifeste à notre sens commun comme à notre intellect. L'univers n'est plus qu'énergie pure, ou mieux représentation mathématique, une équation[32].

L'homme qui aurait connu l'éveil spirituel dépasserait par conséquent le flux du monde phénoménal et impermanent, tout comme le physicien ferait évanouir les apparences de la matière.

«Dans ce mystérieux territoire transpsychique, l'expérience du temps et de l'espace a cessé d'avoir cours. Aucun substrat ne s'offre par conséquent plus à l'exercice des sens, de l'émotion, de l'intellect, car ceux-ci se déroulent sur le plan relatif de la durée et de l'étendue. Les émotions et les processus intellectuels se fondent en effet sur des changements d'états électro-chimiques - dépolarisation et repolarisation, modulations vibratoires à fréquences multiples - en cheminement le long des neurones ; ces phénomènes ne peuvent se produire que dans le temps et l'espace.»[33].

Dans la vie quotidienne, quand certains objectifs sont atteints, une paix provisoire et relative peut apparaître le temps qu'un autre objectif s'installe. Étant subordonnée aux événements de la vie, cette paix ne serait pas un attribut de la réalisation du Soi, lequel est par nature inconditionné.

«La joie que nous investissons et situons à tort dans les objets (animés ou inanimés), est captée dans un mécanisme aveugle de projection psychique. C'est une joie fugace car elle est tombée sous la loi du temps, adultérée et voilée parce qu'elle est erronément attribuée au monde extérieur, tandis qu'elle réside en nous.»[34].

Quand le Soi n'est plus entravé, une paix épisodique surgit lors d'épisodes imprévus de la vie, mais elle peut s'établir définitivement lors de l'étape finale ou réalisation (moksha, Éveil, Samadhi, Bodhi etc. ).

«La paix suprême de l'esprit échappe à toute description ; émergeant du cœur même de l'expérience elle imprègne l'être et le submerge en totalité, dans son déploiement béatifique. Par conséquent et pour toujours, son intensité demeure invariable, au contraire de ce qui se produit dans les extases ou phénomènes transitoires. Aucune contingence n'affecte l'homme qui vit le Soi, il peut vaquer aux occupations de la vie quotidienne sans que cet état béatifique subisse aucune éclipse.»[35].

Terminologie de la spiritualité orientale

Le concept du Soi selon la spiritualité Hindouiste

Les Upanishad expriment quelquefois la réalisation du Soi de manière poétique :

«De même qu'un homme embrassé par sa bien-aimée ne sait plus rien du «je» et du «tu», ainsi le soi embrassé par le Soi omniscient ne sait plus rien d'un «moi-même» au-dedans ou d'un «toi-même» au-dehors à cause de l'«unité».»[36]

L'Hindouisme partitionne le Soi, en soi individuel et Soi universel :

  • Le Brahman est le Soi suprême de l'Hindouisme. Il ne peut se définir qu'en énonçant ce qu'Il n'est pas (neti-neti, en sanskrit : ni ceci, ni ceci). Brahman est décrit comme la réalité illimitée, omniprésente, omnipotente, incorporelle, transcendante et immanente qui est la base divine de toute existence. Il est vérité illimitée, conscience illimitée et bonheur illimité.

La négation du concept du Soi selon la spiritualité Bouddhiste

Le concept du Soi n'est pas retenu dans le Bouddhisme car il reviendrait à magnifier une manifestation égotique. Ceci se retrouve dans les deux concepts suivants :

  • Anātman, est le concept bouddhique d'impersonnalité, par opposition en la croyance hindouiste en l'âtman. Il n'existe selon cette vue aucune âme, aucune essence à trouver, mais une simple agrégation de phénomènes conditionnés.
  • Vijñāna pouvant se traduire par état de conscience, est le concept bouddhique de conscience. Il ne s'agit pas de la conscience comme caractéristique à un être, Vijñāna ne sert à désigner pas la conscience comme essence : le bouddhisme refuse le concept d'"atmân" (âme), considérant au contraire tout phénomène comme impersonnel. Vijñāna sert à désigner par conséquent la conscience comme simple phénomène psychique.

  1. Wouter Hanegraaff, New Age and Western Culture, SUNY Press 1998 p. 211
  2. «Le Soi est une autre part de moi-même, plus vaste que ma personnalité. C'est un Soi plus profond qui participe à l'éternité de la même manière que mon soi quotidien participe au temps» David Spangler dans "La renaissance du sacré" 1984»
  3. page 45, (fr) Roger Godel, Socrate et le Sage Indien, Éditions Belles Lettres, 1982, 216 p. (ISBN 2251325387) .
  4. page 275, Roger Godel, Essais sur l'expérience libératrice, Éditions Présence, 1976, 275 p. (ISBN 2901696104) .
  5. page 60, (fr) Roger Godel, Socrate et le Sage Indien, Éditions Belles Lettres, 1982, 216 p. (ISBN 2251325387) .
  6. page 96 : (fr) Eckhart Tolle, Le pouvoir du moment présent, Éditions Ariane, 2000, 240 p. (ISBN 2920987461) .
  7. page 38, Roger Godel, Essais sur l'expérience libératrice, Éditions Présence, 1976, 275 p. (ISBN 2901696104) .
  8. page 40, Roger Godel, Essais sur l'expérience libératrice, Éditions Présence, 1976, 275 p. (ISBN 2901696104) .
  9. page 249, Roger Godel, Essais sur l'expérience libératrice, Éditions Présence, 1976, 275 p. (ISBN 2901696104) .
  10. Quand, en même temps, j'essaie de me rappeler moi-même, mon attention est dirigée à la fois vers l'objet observé et vers moi-même. Page 177, (fr) P. D. Ouspensky, Fragments d'un enseignement inconnu, Éditions Stock, 1974, 583 p. (ISBN 2234001374) .
  11. page : 26, Nicolas Tereshchenko, Gurdjieff et la quatrième voie, Ed. Guy Trédaniel, 1991, 301 p. (ISBN 2857073917)
  12. Krishnamurti, «Se libérer du connu», chapitre «la fragmentation de la pensée»
  13. Krishnamurti «Se libérer du connu» chapitre «L'observateur et l'observé»
  14. Les perceptions sont ici entendues comme représentations mentales issues de l'intégration des différentes sensations.
  15. page 248, Roger Godel, Essais sur l'expérience libératrice, Éditions Présence, 1976, 275 p. (ISBN 2901696104) .
  16. Yoga sutra II-20.
  17. pages : (fr) Eckhart Tolle, Le pouvoir du moment présent, Éditions Ariane, 2000, 240 p. (ISBN 2920987461) .
  18. name="Godel page 54"
  19. page 249, Roger Godel, Essais sur l'expérience libératrice, Éditions Présence, 1976, 275 p. (ISBN 2901696104) .
  20. Yoga sutras II-6.
  21. Yoga sutra II-5.
  22. Yoga sutras II-4.
  23. page 250, Roger Godel, Essais sur l'expérience libératrice, Éditions Présence, 1976, 275 p. (ISBN 2901696104) .
  24. Kalyana Mitra, terme du Bouddhisme, utilisé par exemple par Chögyam Trungpa, maître spirituel tibétain ou par Arnaud Desjardins.
  25. Traduction du titre d'un texte classique du yoga : Hatha yoga pradipika.
  26. page 54, Roger Godel, Essais sur l'expérience libératrice, Éditions Présence, 1976, 275 p. (ISBN 2901696104) .
  27. page 54, Roger Godel, Essais sur l'expérience libératrice, Éditions Présence, 1976, 275 p. (ISBN 2901696104) .
  28. page 54, Roger Godel, Essais sur l'expérience libératrice, Éditions Présence, 1976, 275 p. (ISBN 2901696104) .
  29. page 46, Roger Godel, Essais sur l'expérience libératrice, Éditions Présence, 1976, 275 p. (ISBN 2901696104) .
  30. page 39, Roger Godel, Essais sur l'expérience libératrice, Éditions Présence, 1976, 275 p. (ISBN 2901696104) .
  31. page 44, Roger Godel, Essais sur l'expérience libératrice, Éditions Présence, 1976, 275 p. (ISBN 2901696104) .
  32. page 45, Roger Godel, Essais sur l'expérience libératrice, Éditions Présence, 1976, 275 p. (ISBN 2901696104) .
  33. page 274, Roger Godel, Essais sur l'expérience libératrice, Éditions Présence, 1976, 275 p. (ISBN 2901696104) .
  34. page 42, Roger Godel, Essais sur l'expérience libératrice, Éditions Présence, 1976, 275 p. (ISBN 2901696104) .
  35. page 42, Roger Godel, Essais sur l'expérience libératrice, Éditions Présence, 1976, 275 p. (ISBN 2901696104) .
  36. Upanishad Brihad Aranyaka, cité par A. K. Coomaraswamy, Hindouisme et bouddhisme.

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