Anātman

Anâtman, mot sanskrit, est le concept bouddhique d'impersonnalité, par opposition à la croyance hindouiste de l'âtman. Selon la théorie bouddhique, il n'existe aucune âme, aucun soi à trouver, mais une simple agrégation de phénomènes conditionnés.



Catégories :

Concept bouddhique - Bouddhisme - Terme sanskrit

Anâtman, mot sanskrit, (Pali : Anatta) est le concept bouddhique d'impersonnalité, par opposition à la croyance hindouiste de l'âtman[1]. Selon la théorie bouddhique, il n'existe aucune âme, aucun soi à trouver, mais une simple agrégation de phénomènes conditionnés.

Anatta est fréquemment exposé selon la formule "Chaque chose est sans soi. ". C'est l'une des trois caractéristiques. Alors que les deux premières caractéristiques, dukkha (ou l'insatisfaction) et anicca (ou l'impermanence) ne s'appliquent qu'aux phénomènes conditionnés, anatta s'applique à toutes choses, y compris en dehors du saṃsāra : le nirvāna (l'Absolu) est aussi vide d'essence.

A noter que l'école Pudgalavāda (personnaliste), actuellement éteinte, fut l'unique à admettre l'existence d'un soi.

Anatta dans le bouddhisme theravāda

Le théravāda (ancien véhicule) distingue deux niveaux de compréhension :

L'opinion philosophique sur l'existence du soi est facilement contredite, y compris par des non-bouddhistes. Par exemple Hume rédigé dans son Traité de la nature humaine :

Je peux m'aventurer à affirmer que nous ne sommes rien qu'un faisceau ou une collection de perceptions différentes, se succédant avec une rapidité inconcevable, et qui sont dans un flux et un mouvement perpétuels.

Annihiler cette opinion ne suffit pas à supprimer le "sentiment même de soi", qui est profondément ancré et alimenté par les trois soifs (Tṛṣna). Selon la formule du Visuddhimagga, Seule la souffrance existe, mais on ne trouve personne qui souffre, les actes sont , mais on ne trouve pas d'acteur.

Il y a cinq "agrégats d'attachement", skandhas :

  1. Le corps (rūpa)  ;
  2. les sensations (vedanā)  ;
  3. les perceptions (samjñā)  ;
  4. les "fabrications mentales" (samskāra)  ;
  5. la conscience (vijñāna).

Ces cinq agrégats d'attachements ne sont pas "soi" ; l'opinion du soi (sanskrit : satkāyadrsti; pali : sakkâyaditthi), croyance erronée en l'existence de la personnalité (atta), émerge de ces cinq agrégats :

En réalité, lorsque on sait que notre corps et notre mental ne sont que des nâma et des rûpa, on ne peut pas dire qu'ils sont «moi», qu'ils sont à «moi» ou qu'ils «m'appartiennent». Ne suivant la volonté de personne, ces agrégats [les nâma (appellations) et les rûpa (substances) ] apparaissent et disparaissent d'eux-mêmes. Si vraiment ces agrégats étaient à nous, selon notre propre volonté, nous pourrions dire : «Que mon corps ne vieillisse pas, qu'il ne tombe pas malade, qu'il ne meure pas !» Or, ils ne se plieront jamais à notre volonté ; nous ne maîtrisons rien. C'est pourquoi nous ne pouvons pas dire que cela est notre corps, notre âme ou notre entité propre. (Sayadaw U Jatila, Enseignements sur vipassana, trad. Dhamma Sami)

Les cinq agrégats provoquent l'attachement et la croyance que ces parties sont "soi". Selon le second discours du Bouddha (l'Anattalakkhanasutta), ces cinq agrégats ne peuvent être reconnus comme un "soi" : si c'était vrai, ils mèneraient au bonheur et on en aurait la maîtrise totale, mais ce n'est pas le cas.

On trouve dans le Milindapañha (livre II, 1) une métaphore comparant la personne à un char : aucun des deux n'a une existence autre que nominale, conventionnelle :

De même que la combinaison des pièces donne lieu au mot «char», ainsi l'existence des khandhas donne lieu à la convention d'«être vivant».

Anâtman dans le mahâyâna

Les écoles Mahâyâna ne réfutent pas uniquement l'existence du soi de la personne, mais également l'existence du soi des phénomènes ; il y a par conséquent double vacuité.

Métaphore de Candrakīrti

L'enseignement de Candrakirti appartient au bouddhisme Madhyamika.
Dans le Madhyamakavatara, Candrakīrti reprend la métaphore du char et l'approfondit :

Débats au sein du Mahâyâna

Anâtman amènera différentes écoles du mahâyâna à postuler différentes compréhensions de l'inexistence du soi :

Certaines écoles sont idéalistes (Cittamatra, c'est-à-dire la Pensée Uniquement). Dans ce cas tout simplement les phénomènes n'existent pas et la double vacuité s'applique à la relation sujet-objet : il n'y a ni sujet ni relation sujet-objet.

Le Mahāparinirvāna Sūtra, à l'encontre des enseignements du Hīnayāna (tel que le Brahmājālasūtta qui recense les vues fausses), introduit une distinction entre le soi conventionnel et le vrai Soi, qui est décrit comme Tathāgatagarbha : "Quand j'ai enseigné le non-soi, les sots ont compris qu'il n'y avait pas de soi. Par cette méprise, ils sont incapables de comprendre le véritable soi. Voyant ceci le Tathāgata a toujours recours aux moyens habiles (upāya), il leur apprend à éteindre le feu rageant d'innombrables distorsions (kleshas), leur révèle et leur explicite le tathāgata-dhātu, l'élément ou dimension (dhātu) de Bouddhéité. Sous la boue des passions ils déterrent le diamant de leur indélébile nature de Bouddha, le vrai Soi. "

Cette doctrine qui renoue avec un essentialisme proche du brahmanisme a fait l'objet de nombreux débats et n'est pas universellement admise au sein même du Mahâyâna.

Notes et références

  1. A noter que dans l'école philosophique de l'Advaïta Védanta, le terme sanskrit «Atman» veut dire pure conscience d'être ou pur «Je suis», ce qui est particulièrement différent du concept d'ego (petit soi ou soi avec un «s» minuscule), d'âme ou d'esprit tel que nous l'entendons en Occident.

Voir aussi

Recherche sur Google Images :



"the doctrine of Anatman or"

L'image ci-contre est extraite du site awarenessplus.com

Il est possible que cette image soit réduite par rapport à l'originale. Elle est peut-être protégée par des droits d'auteur.

Voir l'image en taille réelle (1200 x 1500 - 2249 ko - jpg)

Refaire la recherche sur Google Images

Recherche sur Amazone (livres) :




Ce texte est issu de l'encyclopédie Wikipedia. Vous pouvez consulter sa version originale dans cette encyclopédie à l'adresse http://fr.wikipedia.org/wiki/An%C4%81tman.
Voir la liste des contributeurs.
La version présentée ici à été extraite depuis cette source le 09/12/2009.
Ce texte est disponible sous les termes de la licence de documentation libre GNU (GFDL).
La liste des définitions proposées en tête de page est une sélection parmi les résultats obtenus à l'aide de la commande "define:" de Google.
Cette page fait partie du projet Wikibis.
Accueil Recherche Aller au contenuDébut page
ContactContact ImprimerImprimer liens d'évitement et raccourcis clavierAccessibilité
Aller au menu