Kanjur

Kanjur, ou Kangyour, Kangyur, kanjour : Kanjur veut dire "traduction des paroles du Bouddha". Canon tibétain des paroles du Bouddha Siddharta Gautama comprenant 108 volumes des Sūtras et des Tantras.



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Texte du bouddhisme tibétain - Texte bouddhique - Bouddhisme - Philosophie indienne - Monde indien

Kanjur, ou Kangyour, Kangyur, kanjour : Kanjur veut dire "traduction des paroles du Bouddha". Canon tibétain des paroles du Bouddha Siddharta Gautama comprenant 108 volumes des Sūtras et des Tantras. Les Sūtras qui sont les fondements des deux premiers niveaux de l'enseignement : le Hīnayāna et le Mahāyāna. Les Tantras qui sont la base du troisième niveau des enseignements : le Vajrayāna. Dans sa totalité, le canon bouddhique tibétain comporte deux parties : le Kanjur et le Tanjur ou Tengyour (bka''gyur et bstan'gyur). Le Kanjur comprend aussi les règles monastiques pour les moines et les nonnes (Vinaya), des sūtras hīnayānistes, des sūtras de la prajñāpāramitā et des sūtras mahāyānistes – des tantras. Les sūtras mahāyānistes et les tantras forment la plus grande partie du Kanjur. En plus du Kanjur, il y a l'ensemble des commentaires et traités des érudits de l'Inde, composés pour clarifier les enseignements constituant le Tanjur, qui veut dire "La traduction des commentaires". Au Kanjur et au Tanjur s'ajoutent l'ensemble des milliers de volumes, œuvres des érudits et accomplis tibétains (œuvres regroupées en gsung'bum) [1].

Le Kanjur et le Tanjur sont des compedia de textes qui ont été pour la majorité composés en Inde et qui ont été traduits en tibétain essentiellement du sanscrit, mais également en partie du chinois et de langues d'Asie centrale.

Traductions du canon tibétain et Proto-kanjur

L'activité de traduction commença au Tibet déjà à l'époque de ce qu'on nomme la première propagation du bouddhisme (snga dar) au VIIe siècle. Il semble que les premières traductions aient été faites légèrement au hasard et de façon irrégulière, mais l'administration tibétaine centrale en prit particulièrement tôt le contrôle. Le processus de traduction s'intensifia au IXe siècle, en particulier sous le règne de Tri Ralpachen (Ral pa can). À cet effet un groupe de pandits indiens et de savants tibétains rationalisèrent la langue de traduction et composèrent un dictionnaire bilingue (la Mahāvyutpatti et son volume d'accompagnement le sGra sbyor bam po gnyis pa) qui définissait la terminologie à employer. La littérature alors connue fut traduite toujours et propagée par le biais de copies manuscrites. Les traductions antérieures furent révisées, retravaillées et standardisées, quelquefois aussi retraduites. Le niveau de standardisation de le vocabulaire, de la grammaire et de l'orthographe, mais également la volonté de créer des traductions aussi proches que envisageable de l'original ont transformé la langue tibétaine. Le tibétain des textes bouddhiques se distingue fortement du tibétain courant. Le travail de traduction fut interrompu au milieu du IXe siècle car le roi Langdarma (Glang dar ma) persécuta le bouddhisme jusqu'à presque l'éradiquer. Après la mort du roi, le bouddhisme ne se rétablit pas aisément, essentiellement à cause des instabilités politiques qui secouèrent le pays.

La seconde propagation du bouddhisme au Tibet (phyi dar) commença au XIe siècle. Le point de départ de celle-ci se trouve dans le royaume ouest tibétain qui s'était constitué suite à la chute de la monarchie tibétaine. Ce royaume ouest tibétain s'étendait sur les parties ouest de la région autonome du Tibet, le Ü-Tsang, localisée actuellement en République Populaire de Chine, sur le Ladakh et sur certaines parties de l'état indien de l'Himachal Pradesh. Un des personnages les plus marquants de cette époque fut Rinchen Zangpo (Rin chen bzang po) qui revitalisa l'activité de traduction.

Le bouddhisme disparut du nord de l'Inde au XIIe siècle, du fait de son incorporation progressive à l'hindouisme et des invasions musulmanes, et avec lui disparurent nombre de textes religieux en langue originale. Des textes en sanscrit qui avaient été apportés au Tibet pour les traductions, et qui depuis reposaient dans les bibliothèques de divers monastères, fréquemment oubliés ainsi qu'à la même place depuis des siècles, sont de plus en plus retrouvés et rendus accessibles. Néenmoins les traductions tibétaines sont , avec les traductions chinoises, fréquemment les seules sources sur lesquelles nous pouvons nous appuyer pour étudier l'immense littérature bouddhique.

Déjà au temps de la première propagation du bouddhisme au Tibet, mais essentiellement au temps de la seconde propagation, certains monastères avaient commencé à réunir les différentes traductions qui circulaient. Lorsque le nombre de textes devint plus important, les collections furent divisées de façon systématique en sous-parties et cataloguées. Les plus anciens catalogues connus sont ceux de lDan dkar, 'Phang thang ma et mChims phu ma qui contiennent une liste de traductions faites lors de la première propagation du bouddhisme au Tibet (seuls lDan dkar et'Phang thang ma sont toujours préservés).

Sur ce principe, plusieurs monastères, mais également plusieurs maisons royales composèrent des collections de textes canoniques qui formaient un proto-kanjur. Il ne s'agissait pas de collections complètes au sens du Kanjur tel qu'on le connait actuellement, mais plutôt de collections partielles (soit que des sūtras (mdo mangs) ou alors des textes de la prajñāpāramitā essentiellement).

Le premier Kanjur

Basé sur une telle collection, le monastère de Narthang (Tibet central) produisit au XIVe siècle un premier Kanjur, un corpus homogène et cohérent qui regroupait – théoriquement – la totalité de la doctrine du Bouddha. Il s'agissait d'un kanjur manuscrit qui synthétisait la totalité des textes qui étaient disponibles à l'époque. Pour cela les moines de Narthang collectionnèrent la totalité des textes qu'ils purent trouver dans le Tibet central, les ordonnèrent et les éditèrent.

Ce Kanjur fut préparé à la demande de'Jam pa'i dbyangs, alors conseiller à la cour des empereurs mongol-chinois de la dynastie Yuan. Il faut y voir là une influence chinoise dans la formation du Kanjur tibétain ; d'autant plus que quelques années jusque là, la dynastie Yuan avait commandé une compilation du canon chinois.

Les Annales bleues (deb ther sngon po) nous disent que la section des sūtra fut compilée à partir des collections (mdo mangs) des librairies de Sa skya, gTsang chu mig ring mo, Sho chung, sPun gsum, Zhalu et d'autres monastères. La section des tantras est fondée sur les textes de Sa skya, Thar pa ling et sPun gsum et a été arrangée selon les catalogues compilés par Grags pa rgyal mtshan (1147-1216), 'Phags pa (1235-1280), Rigs pa'i ral gri et d'autres toujours. La section du vinaya se réfère aux collections ente autres du monastère de Rung klung shod grog.

Au moins deux copies furent faites qui furent le point de départ d'un travail d'édition qui produisit les différentes éditions du kanjur que nous connaissons actuellement. Deux centres qui reçurent une copie furent le monastère de Tshal gung thang et le monastère de Zhalu[2].

Les éditions du Kanjur

Le Kanjur de Narthang servit de base à la création d'autres éditions du Kanjur. Il est dit que l'ensemble des Kanjur dérivent de cet ancien Kanjur de Narthang, mais cela reste à vérifier, et est plutôt contredit par les récentes découvertes faites en matière de codicologie tibétaine (des collections montrent une évolution indépendante de la tradition de Narthang, surtout dans le Tibet occidental.

Quoi qu'il en soit, on différencie deux grands courants dans la tradition canonique tibétaine : le courant Est et le courant Ouest .

Le courant Est : Tshal pa

Les éditions de ce groupe proviennent d'une copie du kanjur de Narthang de 1310 faite à Tshal pa entre 1349 et 1351.

Le Kanjur de Tshal pa

Le kanjur de Tshal pa (aussi'Tshal pa) est une copie du vieux kanjur de Narthang faite au monastère de Tshal gung thang au Tibet central. La nouvelle édition a été produite entre 1347 et 1351 sous le patronage du prince local Tshal pa kun dga'rdo rje aussi connu sous le nom de dGe ba'i blo gros (1309-1364). Les colophons de cette édition nous permettent de savoir que les textes ont été révisés comparé à l'édition de Narthang, et que trois volumes de tantras anciens ont été incorporés à la collection.

Le Kanjur de Yongle

L'édition imprimée préparée sous le règne de l'empereur Yongle est la première à avoir été faite à Pékin. Elle date de 1410 et contient 105 volumes plus 1 index (dkar chag). Elle servit de point de départ à la série de kanjur imprimés faits à Pékin (Wanli 1606, Manuscrit de Berlin, Pékin 1684-1692, Pékin 1700, Pékin 1717-1720, Pékin 1737, Pékin 1765). Il existe aujourd'hui deux ensembles quasiment complets à Lhasa. En 1940 il existait aussi un ensemble complet à Wutai Shan en Chine, mais dont on est sans nouvelles depuis.

Bibliographie : Silk, Jonathan A.  : “Notes on the History of the Yongle Kanjur. ” In Suhṛllekhāḥ : Festgabe für Helmut Eimer, edited by Michæl Hahn, Jens-Uwe Hartmann and Roland Steiner, 153-200. Swisttal-Odendorf : Indica et Tibetica, 1996.

Le Kanjur de Wanli

L'édition préparée sous le règne de l'empereur Wanli date de 1606. Le Kanjur imprimé de Yongle servit de base au travail d'édition. Le Kanjur de Wanli comporte 105+1 volumes plus 42 volumes de suppléments.

Le Kanjur manuscrit de Berlin

L'édition manuscrite conservée à la "Staatsbibliothek zu Berlin" (anciennement "Königliche Bibliothek zu Berlin") a été acquis en 1889 par v. Brandt, envoyé de l'empereur allemand. La collection se trouvait dans le temple lamaïste pékinois Yonghegong (???). Ce kanjur appartient à la lignée Tshal pa, et est en fait une copie réalisée en 1680 du kanjur imprimé de Wanli (1606) [3]. La collection contient 108 volumes.

Bibliographie : Beckh, Hermann. Verzeichnis der tibetischen Handschriften der königlischen Bibliothek zu Berlin. Erste Abteilung : Kanjur (bkah. hgyur) Handschriften-Verzeichnisse der königlischen Bibliothek zu Berlin. Vierundzwangzigster Band Berlin : Behrend und Co, 1914.

Le Kanjur de Pékin de 1684-1692

L`édition de Pékin préparée entre 1684 et 1692 sous le règne de l'empereur Kangxi est une adaptation de l'édition du kanjur de Yongle. De nouvelles plaques d'impression furent créées à cet effet. Ce kanjur contient 105 volumes plus 1 volume dkar chag. Il y eut plusieurs éditions de ces plaques, chacune amenant quelques amendements fondés probablement sur le Kanjur de'Jang sa tham. Les reproductions datent de 1700 (106+1 volumes) et 1717-1720 (106+1 volumes).

Un kanjur de 1692 est préservé à Pékin, un kanjur de 1700 à la librairie nationale de Chine (Pékin), un kanjur de 1720 à l'Ōtani University à Kyōto.

Le Kanjur de Pékin de 1737

L'édition imprimée de Pékin de 1737 a été réalisée sous le règne de l'empereur Qianlong. Elle comporte 107+1 volumes. Il s'agit plus ou moins d'une réimpression des plaques du Kanjur de 1692. Une édition de ce kanjur se trouve à la bibliothèque nationale de France. Il existe aussi une édition moderne faite en 1955 au Japon.

Le Kanjur de'Jang sa tham (Lithang)

Le Kanjur de'Jang sa tham (chinois ?? li jiang) est une édition imprimée en 108 volumes, connue aussi sous le nom de Édition de Lithang (chinois ?? li tang). L'édition a été faite sous le patronage de Mu zeng (?? 1587-1646), roi de'Jang sa tham sous la supervision du 6e Zhva dmar gar dbang chos kyi dbang phyug. Ce dernier utilisa le kanjur de Tshal pa déposé à'phying ba stag rtse. L'édition fut achevée en 1621.

Les plaques xylographique fut ensuite transférées au monastère de Byams pa glings à Lithang (d'où le double nom de cette édition) par les forces mongoles qui régnaient sur la région au 17e siècle.

Une copie, à laquelle il manque 4 volumes, est aujourd'hui préservée au monastère Nyingma en Orissa (Inde). Une copie sur microfiche a été faite en 1984 par le Naritasan Shishojin Temple (Japon) et par le Nepal-German Manuscript Preservation Project.

Bibliographie : Iameda Yoshiro. Catalogue du kanjur tibétain de l'édition de'Jang sa tham. Tokyo. 1982.

Le Kanjur de Derge

Le kanjour imprimé de Derge (sde-dge) est en réalité un kanjour mixte fondé essentiellement sur l'édition de'jang sa tham avec quelques amendements provenant de l'édition de Lho rdzong. Ce kanjour a été achevé en 1733 et contient 102 volumes plus un index (dkar chag). Un exemplaire original se trouve à Oriental Institute de Pragues. Il y a eu plusieurs rééditions de cette édition.

Le Kanjur de Cone

Le kanjur de l'édition de Cone est une copie directe du kanjur de'Jang sa tham (ou Lithang). Ce kanjur a été imprimé entre 1721 et 1731 et contient 108 volumes.

Il existe une copie de cette édition à l'université d'Ōtani à Kyōto, une à la bibliothèque Tōyō à Tōkyō et une à St Petersbourg (Institut narodov Azii).

Bibliographie : Mibu Taishun. A compartive list of the bkah hgyur division in the Co-ne, Peking, Sde-gde and Narthang Editions. Tokyo. 1959.

Le Kanjur d'Urga

Le Kanjur imprimé d'Urga a été "découvert" en 1955 par Raghu Vira lors d'un voyage en Mongolie. Cet exemplaire lui a été offert par Yumjagiyn Tsedenbal, alors premier ministre de la République Populaire de Mongolie. Il n'existe que deux exemplaires de cette édition; un à Ulaanbaatar, l'autre à New-Delhi. L'édition d'Urga a été réalisée entre 1905 et 1908 sous le règne du 8ème Jibcundampa.

Bibliographie : Lokesh Chandra : A newly discovered Urga edition of the Tibetan Kanjur. Indo-Iranian Journal 3, 1959 :175-191.

Le Kanjur de Wara

L'édition imprimée de Wara est une copie du kanjour imprimé de Derge. Cette édition a été faite entre 1737 et 1744 au Tibet oriental.

Le Kanjur de Ra gya

L'édition imprimée de Ra rgya (aussi Ra skya) est une copie du kanjour de Derge faite entre 1814 et 1820 en Amdo. Elle contient 103 volumes.

Le courant Ouest : Thems spangs ma

Le Kanjur de Shel dkar

Le Kanjur de Londres

Le Kanjur de Thems spangs ma

Le Kanjur de Stog

Le Kanjur de Tokyo

Le Kanjur d'Ulaanbaatar

Le Kanjur Thang po che

Le Kanjur de Lho rdzong ma

Les autres éditions du Kanjur

Le Kanjur de Narthang

Le Kanjur de Lhasa

Le Kanjur de Phug brag

Sigla pour l'expression des éditions du Kanjur

A :
B : Berlin MsK*
C : Cone PK**
D : Derge PK
E :
F : Phug brag MsK
G :
H : Lhasa PK
I :
J :'jang sa tham PK
K : Peking 1684/92 PK
L : London (Shelkar) MsK
M : Mongolian PK
N : Narthang PK
O : O rgyan (Tawang) MsK
P : Petersburg Mongolian MsK
Q : Peking 1737 PK
R :
S : Stog MsK
T : Tokyo MsK
U : Urga PK
V : Ulanbator MsK
W : Wangli supplement
X :
Y : Yongle PK
Z :

Notes


Notes et références de l'article

  1. Site Web de Tibetan & Himalayan Digital Library
  2. Il n'est pas sûr qu'une copie complète fut amenée à Zhalu, mais Bu ston qui travailla à la production du Kanjur passa de nombreuses années à cet lieu, et y fit un travail d'édition
  3. Il existe une autre copie manuscrite faite à partir du kanjur de Wanli. Elle se trouve à Taipai et n'a pour l'instant pas encore été étudiée

Voir aussi

Liens et documents externes

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"KANJUR CDs"

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La version présentée ici à été extraite depuis cette source le 09/12/2009.
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