Prajnaparamita

La littérature prajnaparamita ou perfection de la sagesse est un ensemble de textes du bouddhisme mahayana développant le thème de la perfection de la sagesse transcendante, vision aiguë servant à reconnaître la nature réelle de toutes choses...



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Mahâyâna - Branche du bouddhisme - Bouddhisme - Texte bouddhique - Concept bouddhique - Terme sanskrit

Prajñāpāramitā sous la forme d'une déesse, temple de Singosari, Java Est

La littérature prajnaparamita (terme sanskrit ; devanagari : ??????? ???????) ou perfection de la sagesse est un ensemble de textes du bouddhisme mahayana développant le thème de la perfection (paramita) de la sagesse transcendante (prajna, de jña «connaître» précédé du préfixe d'insistance pra), vision aiguë servant à reconnaître la nature réelle de toutes choses et concepts comme vide (sunya), et d'atteindre à l'éveil de la bouddhéité.

Il s'agit d'un des corpus mahayana les plus anciens et principaux, autant par sa taille que par son influence. Les éléments les plus connus en sont le Sutra du Cœur et le Sutra du Diamant ; le second occupe une place spécifique dans le courant chan / zen. Un Traité de la mahaprajnaparamita est attribué à Nagarjuna. La tradition hindoue a reçu son influence par l'intermédiaire de Gaudapada et d'Adi Shankarâchârya.

Quelquefois comparée à la «mère des bouddhas», la prajnaparamita a fait l'objet dans le bouddhisme tantrique de représentations sous forme de bodhisattva ou de déesse à qui sont associés des rituels et sadhanas.

Prajnaparamita dans les autres langues du mahayana : chinois : ??????/?????? bōrě-bōluómìduō ; japonais : hannya-haramita ou haramitsu ; vietnamien : Bát Nhã Ba La Mật Đa ; tibétain : Shes-rab-pha-rol-phyin ; mongol : Bilig-un Chinadu Kichaghar-a Kürük-sen.

Développement du corpus

La littérature prajnaparamita comporte trente-cinq textes, auxquels s'ajoutent des commentaires et des sastras (traités).

Le premier sutra prajnaparamita, qui est aussi l'un des premiers textes mahayana connus, est l'Aṣṭasāhasrikā Prajñāpāramitā Sūtra ou Perfection de la sagesse en 8000 lignes (∼100). Son résumé, le Ratnaguṇasaṁcaya Gāthā, Vers sur l'Accumulation des Qualités Précieuses, pourrait être plus ancien, surtout les deux premiers chapitres, car il n‘est pas rédigé en sanskrit littéraire mais en sanskrit bouddhique hybride. Entre le début du IIe siècle et celui du IVe siècle apparurent des versions en 10 000, 18 000, 25 000 et 100 000 lignes. Ces textes, nommés Grande perfection de sagesse (Mahaprajnaparamita), furent ensuite réduits durant les deux siècles suivants, donnant entre autres le Sutra du Cœur (Prajñāpāramitā Hṛdaya Sūtra), courte proclamation de l'importance principale de la prajnaparamita récitée quotidiennement par de nombreux bouddhistes mahayana, surtout avant et après les séances de méditation, et le Sutra du diamant (Prajñāpāramitā Vajracchedikā Sūtra). Apparurent même des versions dharanis ou mantras, dont la plus courte est le Sûtra de la Perfection de la Sagesse en une lettre, réduit à la lettre A, préfixe sanskrit négatif, signifiant que la réalité que sert à percevoir la prajnaparamita n'est rien de ce qu'on conçoit généralement.

La tradition prétend que le Bouddha - à qui ce corpus est attribué comme l'ensemble des sutras - le jugeant trop complexe, le confia aux nagas qui le remirent en temps utile à Nagarjuna, reconnu comme le premier capable de le comprendre. Les premiers sutras prajnaparamita prédatent en fait Nagarjuna et , quoiqu'un Traité de la grande prajnaparamita lui soit attribué et qu'il ait abondamment discuté de la vacuité, un des thèmes centraux de ces sutras, son degré de familiarité avec ce corpus n'est pas certain.

Du VIe siècle au début du XIIIe siècle, des versions tantriques apparurent, et en même temps la représentation de la prajnaparamita sous forme de bodhisattva ou de déesse.

Contenu

Le corpus doit son nom au fait qu'il traite directement et presque exclusivement de la perfection de la sagesse, thème discuté accessoirement dans de nombreux autres sutras. La pensée prajnaparamita a été développée par le courant mahayana, mais des enseignements s'en rapprochant se trouvent déjà dans l'un des plus anciens textes du canon pâli, le Sutta Nipata. D'autre part, Edward Conze a établi un parallèle entre le concept gnostique de sophia et le concept bouddhique de prajña, «mère de l'ensemble des Bouddhas», mais ce dernier n'a pas dans la littérature prajnaparamita la valeur cosmologique de la sophia.

Liste des soutras du livre "La Perfection de sagesse" en réference :

1 - Les questions de Suvikrantavikramin

2 - La perfection de sagesse en cinq cents périodes

3 - La perfection de sagesse du diamant coupeur

4 - La perfection de sagesse en cent cinquante moyens

5 - La perfection de sagesse en cinquante périodes

6 - La perfection de sagesse pour kaushika

7 - Les vingt-cinq portes pour la perfection de sagesse

8 - Le cœur de la perfection de sagesse

9 - La perfection de sagesse en quelque mots

10 - La mère des Ainsi-Allés

11 - La perfection de sagesse en sept cents périodes

12 - Les cents huit noms de la perfection de sagesse

13 - La perfection de sagesse pour Suryagarbha

14 - La perfection de sagesse pour Chandragarbha

15 - La perfection de sagesse pour Samantabradha

16 - La perfection de sagesse pour Vajrapani

17 - La perfection de sagesse pour Vajraketu

18 - L'enseignement d'Akshayamati

Perspective spirituelle

Les textes prajnaparamita sont généralement plutôt abstrus et remplis de propositions paradoxales et irrationnelles. Peu se sont risqués à les traduire, outre les sutras du Cœur et du Diamant. Edward Conze, l'un des traducteurs, reconnu comme une référence occidentale en la matière, rappelle qu'il ne s'agit pas de traités philosophiques (sastras)  ; ils visent probablement moins à exposer clairement la question qu'à aider les méditants à accéder à l'état de conscience éveillée, et ils doivent être appréhendés en partie par intuition.

Redéfinition de la vacuité

L'essentiel du contenu est l'exposition de l'ensemble des dharmas comme shunya (vides), tels qu'ils apparaîssent à qui est pourvu de la sagesse idéale. Selon la tradition hinayana, la sagesse pañña (pali pour prajna) permet d'interpréter le monde phénoménal en termes de processus psycho-physiques impersonnels, les dharmas, que différentes écoles ont regroupés en listes pour la commodité de l'enseignement, et qui sont examinés en détail dans l'Abhidharma. La vacuité (sunyata), thème principal de deux sutras du canon pali (Grand et Petit Discours sur la Vacuité), réfère à l'absence de soi des divers objets, êtres et phénomènes, corolaire de la coproduction conditionnée.

Le mahayana va plus loin en étendant cette déconstruction du monde phénoménal (vacuité relative) aux dharmas eux-mêmes (vacuité absolue), basant dans un premier temps la sunyata sur l'absence de svabhava «nature propre» et non seulement de «soi» âtman. Ainsi, les dharmas sont décrits comme non-existants ou ayant une existence purement nominale ; sans marque différentive, ils n'interagissent pas et ne sont jamais réellement produits. Illusion, écho, reflet, mirage, espace sont des images récurrentes pour représenter le monde phénoménal et les dharmas qui le sous-tendent. Il en ressort qu'on ne doit pas se former de notion, ni de conviction, ni viser une réalisation, ni faire d'assertion, et pratiquer les perfections paramita de façon particulièrement désintéressée.

Cependant, quoique les textes prajnaparamita préfèrent les expressions négatives (non-ceci ou non-cela) aux assertions, ils contiennent des avertisements contre une conception purement nihiliste de la vacuité ; il s'agit plutôt de promouvoir une conscience non discriminante, non-dualiste et ainsi, une conscience plus holistique ou globale des phénomènes et des situations dans la vie quotidienne. Le déni de l'existence de caractéristiques propres implique l'identité principale des dharmas, et par conséquent, selon E. Conze, un monisme dont le dharma dhatu (élément de dharma) serait l'unité absolue. La déconstruction intégrale des phénomènes ouvre aussi la voie à l'idéalisme qui sera revendiqué par certains courants mahayana comme le yogacara.

Le bodhisattva selon la pensée prajnaparamita

Selon cette perspective, après avoir acquis la prajnaparamita, la dernière et principale des six perfections[1], le bodhisattva perçoit l'univers comme un être éveillé pour qui les phénomènes sont vides de nature propre et l'opposition samsara / nirvāna n'est plus pertinente. Atteindre l'illumination ne veut plus dire quitter le samsara à sa mort comme l'arhat, mais faire usage des capacités que procure l'éveil pour aider par compassion l'ensemble des êtres à s'éveiller.

Notes

  1. La liste sera prolongée par certains courants chinois à 10, dont l'upaya kaushalya, capacité de choisir la façon la plus convenable de guider un être sur le chemin de l'éveil selon son état du moment.

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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"Arca Prajnaparamita « Ardy"

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