Viññāṇa-kicca

Viññāṇa-kicca, sert à désigner une fonction de la conscience. Ces fonctions sont présentées de manière analytique dans le Paṭṭhāna, ouvrage bouddhique faisant partie du canon pāli.



Catégories :

Concept bouddhique - Bouddhisme - Theravada - Hinayana - Branche du bouddhisme

Viññāṇa-kicca (pāli), sert à désigner une fonction de la conscience. Ces fonctions sont présentées de manière analytique dans le Paṭṭhāna, ouvrage bouddhique faisant partie du canon pāli.

Quatorze fonctions

Après avoir énuméré les Vijñāna, après par conséquent avoir analysé l'ensemble des formes de consciences existantes, le Paṭṭhāna détaille les quatorze fonctions (pāli "viññāṇa-kicca") qui s'exercent à l'intérieur d'un processus de conscience. Cette description à pour but de énumérer des fonctions pour analyser à quels états de conscience correspondent ces fonctions : on peut y voir la volonté de renseigner exactement l'enseignement de la coproduction conditionnée, ce qui n'a par conséquent de sens que dans certaines interprétations de ce processus, dont l'interprétation theravadin fait partie.

Cependant, cette analyse vaut tout autant comme source d'information quant à la psychologie bouddhique, puisque elle détaille les nombreux phénomènes qui sont pris pour un courant de conscience continu et personnel, à l'endroit où il n'y a que phénomènes éphémères - anicca - et impersonnels - anatta.
Les quatorze fonctions de la conscience sont présentés dans l'ordre de leur apparition, depuis l'apparition au décès, quoique le processus complet puisse être interprété comme "cycle de consciences" n'impliquant pas l'apparition et la mort au sens fort (il s'agit alors de l'apparition et de la mort de ces consciences et non d'un "être").

  1. Renaissance ou lien-de-renaissance, pāli paṭisandi ;
  2. Subconscience ou mode-existentiel, pāli bhavaṅga ;
  3. attention ou tournant, pāli āvajjana ;
  4. vision ;
  5. ouïe ;
  6. olfaction ;
  7. gustation ;
  8. sensation de toucher ;
  9. réception, réceptivité, pāli sampaṭicchana ;
  10. sondage, investigation pāli santīraṇa ;
  11. détermination (ou déterminant), pāli voṭṭhapana ;
  12. impulsion, pāli javana ;
  13. enregistrement ou répétition, pāli tadārammaṇa ;
  14. décès, pāli cuti.

Réunion

Voir aussi Punarbhava
"Au décès succède un nouveau lien de renaissance" (Visuddhimagga). Selon le Paṭṭhāna, dix-neuf consciences jouent le rôle de "lien de renaissance", "réunion", paṭisandi. L'analyse distingue alors la sphère (pāli avacara) dans laquelle a lieu la "naissance".

Le lien de renaissance cesse alors et se produit une conscience ayant pour fonction le "mode existentiel", "subconscient" (voir plus bas).

Bhavaṅga : le subconscient

Bhavaṅga provient de "bhava" : devenir, existence. L'expression se trouve à deux reprises dans le Paṭṭhāna, mais ce sont en particulier les commentaires de l'Abhidhamma qui le précisent. «Bhavaṅga-citta» (ou encore «Bhavaṅga sota») est traduit par Nyanatiloka comme subconscience et par Christian Maës comme «mode existentiel».

Bhavaṅga serait la condition indispensable de la vie, il s'agirait d'une clé permettant d'expliquer les particularités du karma, la renaissance, la faculté de mémoire.. Selon Michel-Henri Dufour, c'est un état de repos dans lequel retourne l'esprit en l'absence de stimulus.

"Bhavaṅga-sota" est un courant mental sous-jacent : sota veut dire flux. Ce courant recueillerait l'ensemble des impressions sensorielles, les emmagasinerait, mais serait inconnue de la conscience.
Il s'agit d'une conscience "Vipāka" (résultat de karma).

Après la renaissance, se produit une conscience faisant fonction de "mode existentiel", Bhavaṅga, ayant les mêmes caractéristiques que le "lien de renaissance", paṭisandi. Le mode existentiel se prolonge alors : des états correspondants de subconscience réaparaissent sans cesse.

Tournant : āvajjana

Le "tournant" ou l'attention sert à désigner le fait de se tourner vers un objet (sensoriel). Cela ne correspond par conséquent, dans la psychologie cognitive, qu'à l'une des significations de l'attention, qu'on peut identifier comme processus attentionnel automatique.
Pour en revenir à la psychologie bouddhique, cette attention se distingue par conséquent de vittaka, attention sélective et volontaire qui correspond à la méditation bouddhique.

Le tournant est ce qui interrompt le courant subconscient, ce qui met fin à cette répétition. Le Paṭṭhāna distingue deux cas : le cas des "portes physiques", les cinq sens, et le cas de la "porte mentale", le sixième sens décrit dans la "psychologie bouddhique".

Dans le cas des cinq sens, et pour prendre l'exemple de la vision, une apparence en contact avec l'œil ébranle le courant subconscient. Il se produit un élément mental, il se produit un élément mental, une conscience "résultante". Suit ensuite une conscience sensorielle.
Dans le cas de la "porte mentale", qui peut concerner l'un des six types d'objets sensoriels, il se produit une conscience résultante sans cause bénéfique, accompagnée d'indifférence (au sens de ni attirance ni répulsion). Dans ce cas, la conscience qui suit est une impulsion et non une conscience sensorielle.

Consciences sensorielles

Les consciences sensorielles s'appliquent, ici, aux cinq sens aussi décrits selon les psychologies occidentales.

Suite au tournant, par conséquent suite au fait que la conscience se tourne vers un objet, se produit une conscience sensorielle associée à cet objet, qu'il s'agisse de vision, d'audition, d'olfaction, de gustation, ou de conscience corporelle.
La conscience sensorielle est "résultante" (Vipāka)  ; elle peut soit résulter du bénéfique, soit résulter du nuisible - et l'analyse attribue alors dix états de conscience à cette fonction de conscience sensorielle. L'énumération des vijnana propose néenmoins énormément plus de consciences résultantes, même pour l'unique sphère sensorielle...

Conscience réceptive : sampaṭicchana

La réception, sampaṭicchana-citta, a lieu après la conscience sensorielle. Dès que l'élément de conscience sensorielle cesse, a lieu un élément mental de réception, qui reçoit l'objet sensoriel.

Si l'élément de conscience sensorielle résultait du bénéfique, la conscience de réception fera de même - idem pour le nuisible. Le Visuddhimagga attribue deux états de conscience résultants (vipāka) à cette fonction.

Conscience investigatrice

Le sondage, l'investigation, santīraṇa-citta, suit la conscience réceptive. C'est une conscience résultante sans cause, pouvant résulter soit du bénéfique soit du pernicieux : trois consciences correspondent à cette fonction.

Conscience-détermination

La détermination, conscience déterminante, voṭṭhapana-citta, suit le sondage. Le Visuddhimagga donne un seul état d'être pour cette fonction : c'est un élément de conscience résultant, sans causes bénéfiques. Mais l'énumération des vijnana en donne deux : la conscience résultant du pernicieux et la conscience, toujours sans causes bénéfiques, mais résultant du bénéfique..

L'impulsion

"Impulsion", javana, provient du verbe javati : "pousser en avant". Il s'agit de fait de la fonction qui détaille la formation de karma.

Cas d'un objet sensoriel.
La détermination est suivie d'impulsion "si l'objet est important". Une fois l'objet (sensoriel) déterminé, six ou sept consciences impulsives[1] adviennent qui ont pour objet ce dernier. Cette fonction peut être remplie par l'une des huit consciences bénéfiques de la sphère sensorielle, par l'une des douze consciences "pernicieuses". Mais dans le cas d'un être noble, il se produit l'une des neuf consciences "fonctionnelles", kiriya-citta, de la sphère sensorielle.
Dans ce cas, il a par conséquent une conscience tournant, suivie par une conscience sensorielle, suivie par une réception, puis un sondage, puis une détermination, et enfin l'impulsion.

Cas de la porte mentale.
Dans le cas de la porte mentale, les mêmes consciences remplissent la fonction d'impulsion. Simplement, dans ce cas elles suivent le "tournant" plutôt que la "détermination".

Cas de l'ennoblissement.
(... )

Conscience qui enregistre

L'enregistrement, ou la répétition, tadārammaṇa-citta, advient dans le cas d'un objet, physique ou mental, important, et suit alors l'impulsion génératrice de karma. Selon cette analyse, cette conscience-enregistrement, a lieu une fois ou deux, et a le même objet que l'impulsion.

Onze états de consciences résultants peuvent tenir lieu d'enregistrement. Il peut s'agir de l'une des huit consciences sensorielles résultantes du bénéfique (associées aux causes bénéfiques, puisque cela suit la production karmique). Sinon, il s'agit de l'une des trois consciences mentales résultantes qui ne sont pas associées aux causes bénéfiques, mais pouvant résulter soit du bénéfique soit du mauvais.

Après cette répétition, cet enregistrement, advient une conscience Bhavaṅga, c'est-à-dire une subconscience, un "mode-existentiel", qui sera suivi par un nouveau "tournant", une nouvelle attention, perpétuant le cycle des consciences, jusqu'à la venue de la conscience appelée "décès".

Cuti : le décès

La mort, si elle est l'une des fonctions de la conscience, est un bhavaṅga, une subconscience. Les dix neuf consciences qui jouent le rôle de paṭisandi et de bhavaṅga sont aussi celles qui jouent le rôle de décès.
Après le décès survient simplement un nouveau paṭisandi, ce qu'exprime la roue des existences, le Saṃsāra.

Selon le theravâda, la mort peut avoir quatre causes :

Une analyse détaille les instants de conscience qui précèdent la mort, auxquels s'ajoutent la conscience du décès et la conscience de l'apparition :

  1. Depuis ce moment de pensée, le karma ne produit plus aucune apparence physique, rupa. Mais le physique qui existe persiste jusqu'au moment de la mort. Un signe, nimitta, apparait alors : c'est l'objet de la conscience. Si un très puissant karma, garuka kamma, a été génèré au cours de la vie, ce sera lui ; autrement apparaîtra un karma proche dans le temps : asana kamma. Ce peut être enfin une action fréquemment entreprise, ou alors un karma quelconque.
  2. Bhavaṅga
  3. Bhavaṅga
  4. Bhavaṅga
  5. Bhavaṅga
  6. Bhavaṅga
  7. La conscience est interrompue : atita bhavaṅga
  8. Elle vacille un premier instant de pensée, bhavaṅga calana
  9. Puis elle vacille un second, c'est la «subconscience de cessation», bhavaṅga upaccheda
  10. Apparait la conscience de la porte de l'esprit, manodvaravajjana
  11. Il se produit une impulsion, javana, d'uniquement cinq instants de conscience, car cette impulsion est faible. Cette impulsion déterminera la renaissance.
  12. Javana
  13. Javana
  14. Javana
  15. Javana
  16. Conscience d'enregistrement, tadalambana
  17. Conscience du décès, cuticitta
  18. Conscience de renaissance, paṭisandi
  19. De nouveau se produit un instant de consciencebhavaṅga, etc.

Conclusion : cycles samsariques

Cette analyse frappe par sa rudesse et son extrême précision ; probablement est-il bon de faire le bilan des cycles qu'elles proposent. On note en premier lieu que le lien de renaissance et le décès n'adviennent que dans des cas spécifiques, et que, mis à part ces cas spécifiques, deux cycles sont proposés :

Ces deux cas forment par conséquent les "cycles de consciences" les plus courants. Cette étude des différentes fonctions de la conscience mérite plusieurs remarques : elle est appliquée pour commenter l'enseignement de la coproduction conditionnée, mais elle est aussi appliquée dans la compréhension de "moments psychologiques" spécifiques, comment l'entrée en "en-stase" (selon le terme de Mircea Eliade), c'est-à-dire la réalisation de l'un des états de conscience, propres à la méditation samatha, que sont les dhyanas.
En ce qui concerne l'interprétation de la coproduction conditionnée, et son évolution, cette analyse correspond à la lecture "matérielle", correspondant à une formulation longue de la coproduction conditionnée, qui est décrite par Dominique Trotignon comme une lecture assez tardive de ce processus.

Références

  • Dans la coproduction conditionnée :

Bibliographie

Notes et références

  1. Hormis avant le décès, auquel cas ne surviennent que cinq instants perdant toute fonction reproductrice (voir cuti)

Recherche sur Google Images :



"tren llegando de viñña a quilpue 2"

L'image ci-contre est extraite du site panoramio.com

Il est possible que cette image soit réduite par rapport à l'originale. Elle est peut-être protégée par des droits d'auteur.

Voir l'image en taille réelle (909 x 682 - 161 ko - jpg)

Refaire la recherche sur Google Images

Recherche sur Amazone (livres) :




Ce texte est issu de l'encyclopédie Wikipedia. Vous pouvez consulter sa version originale dans cette encyclopédie à l'adresse http://fr.wikipedia.org/wiki/Vi%C3%B1%C3%B1%C4%81%E1%B9%87a-kicca.
Voir la liste des contributeurs.
La version présentée ici à été extraite depuis cette source le 09/12/2009.
Ce texte est disponible sous les termes de la licence de documentation libre GNU (GFDL).
La liste des définitions proposées en tête de page est une sélection parmi les résultats obtenus à l'aide de la commande "define:" de Google.
Cette page fait partie du projet Wikibis.
Accueil Recherche Aller au contenuDébut page
ContactContact ImprimerImprimer liens d'évitement et raccourcis clavierAccessibilité
Aller au menu