Upaya

Upāya sanscrit et pāli veut dire «moyen». Le bouddhisme mahāyāna accorde une grande importance à l'upāya kausalya, en chinois fāngbiàn, en tibétain thabs, qui sert à désigner la capacité, développée au plus haut point chez les bouddhas...



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Concept bouddhique - Bouddhisme

Upāya sanscrit et pāli (????) veut dire «moyen». Le bouddhisme mahāyāna accorde une grande importance à l'upāya kausalya (ou kaushalya : habileté ??????), en chinois fāngbiàn (??), en tibétain thabs, qui sert à désigner la capacité, développée au plus haut point chez les bouddhas et les bodhisattvas, de choisir le meilleur moyen de guider les êtres selon leurs besoins et possibilités propres à un moment donné. L'upāya devient par conséquent le «moyen habile» ou l'«expédient salvifique» employé par un être déjà éveillé et mû par la compassion pour guider les autres êtres sur la voie de l'Éveil. Cette notion encourage l'utilisation de plusieurs approches différentes du développement spirituel et décourage le dogmatisme. Elle peut néanmoins s'accompagner d'une hiérarchisation des moyens, et a servi aux partisans du mahāyāna à affirmer leur supériorité sur le hīnayāna.

La prajñā, sagesse du bouddha, est la vision de la vacuité idéale, absolue, et l'upāya un moyen non absolu, défini assez aux circonstances, aidant à atteindre la prajñā. Dans le Bodhisambhāra, Nāgārjuna exprime l'importance des trois vertus de sagesse (prajñā), d'habileté dans le choix des moyens (upāya kaushalya) et de compassion (karunā), qui sont présentées respectivement comme la mère, le père et la fille du bodhisattva. La métaphore mère-père est reprise dans le bouddhisme tibétain, où prajñā est associé au féminin et upāya au masculin, dans les représentations de déités en yab-yum par exemple.

Thomas Kasulis [1] a proposé de ranger l'upāya dans le domaine de la metapraxis, qu'il a définie comme l'examen de la nature et de l'efficacité de la pratique religieuse.

Origine

Le concept d'upāya n'est pas inconnu du hīnayāna ; on trouve par exemple dans le Majjhima Nikaya la comparaison entre les pratiques bouddhiques et des radeaux : ce sont des upāyas, moyens permettant d'atteindre le vrai but qui est l'autre rive (nirvāna), et non des objets ayant une valeur propre. La lecture de l'Abhidharma montre que la praxis dans le bouddhisme ancien a toujours eu une grande importance, et que la salvation en dépend plus que de l'adhésion à une vérité philosophique déterminée. Néanmoins, c'est dans le mahāyāna (et sa branche vajrayāna) que le concept de «moyen habile» est développé. L'habileté dans le choix des moyens (upāya kaushalya) y devient quelquefois la septième des vertus pāramitās. Le concept d'upāya comme expédient salvifique apparait dans un premier temps dans les textes prajñāpāramitā, le Sūtra des dix terres qui expose la voie du bodhisattva, et en particulier le Sūtra du Lotus. D'autre part, l'obligation d'adapter l'enseignement aux spécificités du disciple pour le rendre efficace s'est vu consacrée de l'ensemble des dispositifs religieux ou idéologiques qui cherchent à faire école, dont le confucianisme. La notion d'upāya a par conséquent été facilement acceptée dans les régions d'expansion du mahāyāna.

Le don d'habileté dans le choix des moyens

Selon l'analyse qu'on peut faire du Sūtra du Lotus [2], l'upūya kaushalya est dans un premier temps la capacité qu'a le bouddha suprême (dharmakāya) de produire d'innombrables méthodes pour guider vers la salvation. Se basant sur un passage qui affirme que «Le tathāgata, éveillé depuis si longtemps, a une durée de vie illimitée et a toujours existé», certains estiment que Gautama était dès l'origine éveillé, et que son parcours historique culminant dans le nirvāna à Bodh-Gaya est en soi un upāya, une sorte d'illusion à visée pédagogique.

L'habileté suprême dans le choix des moyens est aussi le don des bodhisattvas célestes, qui en sont aux huitième et neuvième stades du chemin de bodhisattva décrit dans le Sūtra des dix terres. Ayant atteint au sixième stade la sagesse (prajñā) et transcendé la différence entre nirvāna et samsāra, ils ont acquis au septième stade le don d'upāya kaushalya, et possèdent aux huitième et neuvième stades un corps dharmique (dharmadhātujakāya) ou «céleste» qui leur sert à sauver sous différentes formes en différents lieux. Dans l'Enseignement de Vimalakīrti (Vimalakīrtinirdeśa sūtra), le héros, laïque devenu bodhisattva, est capable d'être «toutes choses pour l'ensemble des hommes». À cause de l'ordre de progression, certains considèrent l'upāya kaushalya comme supérieur à la prajñā.

L'upāya comme vérité provisoire

L'upāya est une méthode efficace, mais qui peut impliquer des concepts philosophiques en contradiction avec ceux énoncés par la doctrine bouddhique, ou mettre en jeu des comportements déconcertants de la part d'un bouddhiste, en particulier s'il s'agit d'un moine. La contradiction entre l'emploi d'un moyen apparemment entaché d'erreur et la poursuite de la vérité est résolue, selon la pensée prajñāpāramitā qui inspire le Sūtra du Lotus et le mahāyāna généralement, par l'idée que l'ensemble des particularités se transcendent en fin de compte dans la vacuité du Dharma absolu. Ainsi, un concept erroné, comme la représentation du bouddha ou du bodhisattva comme dieu protecteur faiseur de miracles, est une vérité provisoire plutôt qu'une erreur ; la progression spirituelle du disciple lui permettra de l'échanger contre une vision plus juste. L'Enseignement de Vimalakīrti exprime l'opinion que le dharma comme doctrine n'est pas un refuge sûr car l'ensemble des êtres ne souffrent pas des mêmes maux, et on risque de les blesser au lieu de les guérir si on n'en tient pas compte. [3].

Ce concept de vérité provisoire est quelquefois utilisé pour justifier des comportements excentriques, ou alors choquants. On peut citer les actes de violence de certains enseignants zen à l'égard de leurs disciples pour les amener à l'éveil, ou le comportement de moines fantaisistes ou dévoyés selon les critères communs, connus dans les courants zen (le célèbre moine au sac de toile, modèle du bouddha riant), ou vajrayāna (cas de certains tulkus comme Chögyam Trungpa Rinpoché qui défraya la chronique aux États-Unis).

Cette notion de vérité provisoire correspondant à différentes situations ou niveaux de développement spirituel est dans le Sūtra du Lotus clairement liée au désir de présenter le mahāyāna comme un enseignement de niveau plus élevé que le hīnayāna. Selon les mahayanistes, le canon pāli n'est pas dénué de valeur, mais contient un enseignement provisoire plus éloigné de la sagesse absolue que les textes de leur propre courant.

L'upāya comme pratique précise

Si le concept d'upāya peut avoir le sens général de «moyen adapté» sans plus de précision, son contenu est quelquefois défini exactement comme un ensemble de pratiques ou de capacités ; par exemple :

Références

  1. Philosophy as Metapraxis, 1992
  2. Skill-in-means and the Buddhism of Tao-sheng :
  3. Thurman 1986, p. 51 et 28

Voir aussi

Liens externes

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"is the Upaya Zen Center."

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