Deva

Le mot Deva s'appuie sur la racine sanscrite DIV- qui veut dire «jouer», «se mouvoir en toute liberté», «resplendir». Cette racine proviendrait elle-même d'un mot indo-européen *deiwos qui veut dire «brillant», dérivé d'une racine *DIW- dont le sens est «briller».



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Védisme - Divinité hindoue - Hindouisme - Bouddhisme

Le mot Deva (??? en devanāgarī) s'appuie sur la racine sanscrite DIV- qui veut dire «jouer», «se mouvoir en toute liberté», «resplendir»[1]. Cette racine proviendrait elle-même d'un mot indo-européen *deiwos qui veut dire «brillant», dérivé d'une racine *DIW- dont le sens est «briller». Ce mot se relie étymologiquement au latin deus et au germanique Tiwaz.

Le védisme ancien utilise le mot deva pour évoquer une puissance agissante qui se manifeste dans les phénomènes naturels et mentaux, qui n'est ni ontologique, ni personnelle, ni symbolique, ni surnaturelle (car la conception védique du monde s'apparente au monisme[2]).

L'hindouisme utilise le mot deva comme un terme générique désignant les dieux, qu'il n'hésite pas à représenter par la statuaire et l'iconographie comme symboles, et que la bhakti honore comme une personne. Une déesse s'appelle devi.

Le bouddhisme lie la notion de deva à celle du karma.

Védisme

Le védisme essentiel s'appuie sur l'intuition des anciens sages, les ṛṣis, qui se mettent à l'écoute (śruti) de forces occultes. Ces puissances agissantes (en latin numina) se manifestent dans l'ensemble des phénomènes naturels et mentaux qui les entourent. Par l'octroi de noms (en latin nomina) à ces puissances complexes (en latin numina) les ṛṣis allument des énergies lumineuses (en latin lumina) qui brillent et reçoivent le nom de devas. Leur conception du monde s'apparente au monisme, les devas pour eux sont des manifestations brillantes de puissances cachées dans la nature du seul monde qu'ils connaissent, qu'ils ne conçoivent par conséquent pas comme des pouvoirs «surnaturels». Le nom qu'ils choisissent pour évoquer les devas sont des formes nominales de verbes exprimant les fonctions qu'ils remplissent dans l'ordonnance du monde. Ainsi Tratar, traduit par «protecteur», évoque la fonction simple d'un deva protecteur[3].

Les devas principaux du védisme exercent plus d'une fonction. Ces pouvoirs multifonctionnels prennent alors le nom de leur apparence, ainsi Agni (le feu) ou Soma (le jus) évoquent-ils chacun un faisceau de puissances agissantes plus large que les seuls pouvoirs de «brûler» pour le feu ou de «couler» pour l'élixir vital. Une formule peut évoquer des complexités nuancées de puissances agissantes, ainsi Agni tratar permet d'invoquer l'ensemble des pouvoirs ordinaires d'Agni, augmentés du pouvoir qui protège[4].

Les ṛṣis, par l'écoute intuitive des forces cachées, augmentées par la puissance évocative du nom de leurs fonctions, permettent aux devas d'agir comme de bons présages (en latin «nomen est omen»). Ceci permet aux devas de manifester une brillante générosité dans les dons divers par lesquels ils renforcent les pouvoirs de l'homme ainsi éclairé. Vitahavya fils d'Aruna chante : «ô Agni... donne-nous une large et glorieuse opulence, qui nous assure l'abondance, la renommée, et la puissance»[5]. Agni ici n'est pas une personne, mais une puissance complexe et généreuse qui se manifeste, entre autres, dans le feu sacrificiel.

La puissance agissante appelée veda sert à «voir», dans l'abondance des faveurs et des dons reçus, l'évidence[6] du vrai pouvoir exercé par les devas. Tel est le sens essentiel du Véda, dont la puissance sans limites est éternelle aux yeux des ṛṣis comme à ceux des brahmanes qui leur succédent dans la société védique.

Le monde du Veda ignore, en ces temps lointains, toute ontologie, mais sa vision est particulièrement dynamique, les devas sont des forces au travail et non des symboles. Iconographie et statuaire, qui proliféreront dans l'hindouisme à venir, n'existent pas encore. Pas de temples de pierre non plus, le rite védique se célèbre au grand air, parmi les plantes, les animaux et les astres[7]

La Rigveda-samhita révèle l'existence de trente-trois devas, onze desquels habitent le ciel, onze demeurent sur la terre, et onze nagent dans l'eau[8]. Les devas principaux du védisme sont : Indra, Soma, Agni, Varuna, Mitra, Aditi, Rudra, Vishnu, les Ashvins, et bien d'autres (le terme visve devas veut dire l'ensemble des devas et sert à se référer aux puissances non expressément appelées). Les liens bleus qui précèdent conduident à leurs monographies.

Hindouisme

Dans l'hindouisme, les devas deviennent des personnages surnaturels qui peuvent être symbolisés par l'iconographie, et dont le nombre fluctue. On en connaît essentiellement 33 qui, sous la direction d'Indra, habitent le monde du désir. Ce monde est soumis à Brahmā qui lui, règne sur un monde spirituel, exempt de désirs. Chaque deva est liée à un élément spécifique (bhuta), un sens (indriya), un nom (nama), un son (mantra), une couleur (rasa), un diagramme (yantra), un symbole (linga), etc.

Dans la mythologie hindoue, les devas sont opposés aux asuras démoniaques. Les devas ne doivent pas être confondus avec Ishvara, le Seigneur suprême, ni avec le Brahman, la totalité.

Les mahâdevas, ou devas le plus fréquemment reconnus comme suprêmes, sont Brahmâ, Vishnu et Shiva, qui forment ensemble la Trimûrti.

Bouddhisme

Dans le Bouddhisme les dieux, ou devas, sont aussi des êtres pourvus de conditions de vie extrêmement favorables (longévité, puissance, jouissances, etc. ) mais ils les ont acquises par leur mérites antérieurs. Cependant s'ils épuisent leur karma personnel, ils se retrouvent dans la même situation que l'ensemble des êtres des six domaines d'existence et doivent toujours renaître selon leurs mérites. Leur condition est à double tranchant puisque : 1) leurs facultés peuvent renforcer le sens de leur valeur personnelle et 2) la facilité de leur vie leur fait négliger des enjeux supérieurs. Orgueil et inconscience, ce sont là deux obstacles à la recherche de l'Éveil bouddhiste ainsi qu'à la génération de l'esprit d'Éveil (Bodhicitta). Cependant des Bouddhas surviennent aussi dans le "domaine" divin, et certains dévas, tels que Shiva, sont dits s'être "convertis". Ils peuvent être devenus Bodhisattvas, et c'est à cette condition uniquement qu'on pourra leur accorder une quelconque dévotion.

Dans ce sens, la condition humaine est la plus favorable à l'Éveil, dans la mesure où elle se tient au juste milieu des conditions extrêmes d'aisance divine et d'accablement infernal. C'est pourquoi on dit que même les dieux doivent passer par notre condition pour accéder à la Bouddhéité.

D'autre part, le Bouddha historique, nommé Shakyamuni, ne doit pas être confondu avec Dieu au sens occidental, (encore moins avec un humain déifié) , ni les divers Bouddhas confondus avec des dieux immortels, au sens gréco-romain. Ce sont avant tout des êtres qui ont entièrement conscientisé et actualisé leur nature ultime et principale, nommée pour cela Nature de Bouddha. Ce sont eux, mais aussi les Bodhisattvas, qui nous guident vers l'Éveil. Les Adi-Bouddhas, ou Bouddhas Essentiels (Samantabhadra, Vajradhara, etc. ) sont soit des personnifications de la nature ultime, soit des Bouddhas ne l'ayant jamais oublié.

Selon le contexte et la nuance connotée, la Nature de Bouddha porte de multiples noms, Claire Lumière, Éveil, Dharmakaya, Tathagatagarbha, etc. qui tous sont l'équivalent de Dieu, ultime et impersonnel, identique en celà au Dào taoïste, et au Brahman hindou.

Finalement un certain consensus semble s'établir pour appeler divinités les divers dieux ou dévas, et de réserver le terme déités aux Bouddhas et autres yidams servant de support de méditation, et par là de moyen d'accession à sa propre Bouddhéité

Voir aussi

Liens externes

Bibliographie

Notes et références

  1. Stchoupak & Nitti & Renou, Dictionnaire sanskrit-français, page 310.
  2. Jan Gonda, Veda et antico induismo, pages 265 et suivantes.
  3. Jan Gonda, opus citatum, page 61 & 62.
  4. Jan Gonda, op. cit. , page 61 à 85.
  5. Alexandre Langlois, Rig-Véda ou Livre des hymnes, page 572, (RV 8, 4, 6, 15).
  6. la racine indo-européenne VID- soutient les mots français «évidence», latin «videre», ou sanscrit «Veda».
  7. Jan Gonda, op. cit. , page 145 à 150.
  8. Jan Gonda, op. cit. , page 87.

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"Deva Cassel: Monica Bellucci's"

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